Introduction
Les cryptomonnaies comme le Bitcoin et l’Ethereum font désormais partie du paysage financier en Suisse romande. Que vous soyez un investisseur particulier ou une entreprise, il est essentiel de comprendre la fiscalité qui s’y applique pour éviter les mauvaises surprises. La fiscalité des cryptomonnaies en Suisse repose sur des principes clairs mais parfois méconnus : distinction entre fortune privée et activité commerciale, imposition des revenus (minage, staking, etc.) et obligations déclaratives spécifiques. Dans cet article guide, nous vous expliquons de manière professionnelle et accessible comment sont imposés les actifs numériques en Suisse en 2025. Nous couvrirons les notions de base (cryptomonnaie, blockchain, minage, staking, DeFi, NFT), les principes généraux d’imposition, le traitement fiscal pour les particuliers et pour les entreprises, les cas particuliers, les démarches de déclaration fiscale crypto, ainsi que des conseils pratiques pour éviter les erreurs courantes. *(Informations à jour au 27 février 2025.)
Notions de base : cryptomonnaies, blockchain, minage et staking
Avant d’entrer dans la fiscalité, rappelons brièvement quelques définitions clés :
- Cryptomonnaie : Monnaie numérique cryptée et décentralisée fonctionnant grâce à la blockchain. Par exemple, le Bitcoin ou l’Ether sont des cryptomonnaies qui peuvent servir de moyen de paiement ou de réserve de valeur. La blockchain est le registre distribué qui enregistre toutes les transactions de manière sécurisée et transparente.
- Minage (mining) : Processus de validation des transactions et de sécurisation de la blockchain par des utilisateurs appelés mineurs. En échange de la puissance de calcul fournie, le réseau récompense les mineurs avec de nouvelles cryptomonnaies. Le minage est ainsi une source de revenus en cryptomonnaies, souvent considérée comme une activité indépendante.
- Staking : Mécanisme de finance décentralisée (DeFi) qui consiste à immobiliser des cryptomonnaies dans un protocole pour aider au fonctionnement du réseau (par exemple, validation de transactions sur une blockchain Proof of Stake). En échange, le propriétaire reçoit des récompenses (intérêts ou jetons supplémentaires). Le staking s’apparente à des “intérêts” générés par vos avoirs en crypto.
- DeFi (Finance Décentralisée) : Écosystème d’applications financières basées sur la blockchain permettant de prêter, d’emprunter ou d’échanger des cryptomonnaies sans intermédiaire traditionnel (banque). Par exemple, le liquidity mining ou le lending en crypto génèrent des revenus (intérêts, récompenses) qu’il faudra également considérer fiscalement.
- NFT (Jeton Non Fongible) : Actif numérique unique, souvent utilisé pour représenter des œuvres d’art, des objets de collection ou d’autres biens digitaux. Les NFT sont stockés sur la blockchain et chacun a une valeur individuelle. La fiscalité des NFT en Suisse suit par analogie celle des autres cryptomonnaies ou objets de collection : leur possession et cession doivent être analysées au cas par cas (fortune privée ou activité professionnelle).
Ces notions de base établies, voyons maintenant comment les autorités fiscales suisses traitent ces actifs numériques.
Principes généraux de la fiscalité des cryptomonnaies en Suisse
Aucun impôt spécial dédié aux cryptomonnaies n’existe en Suisse à ce jour (Cryptomonnaies pour les particuliers | RSM Switzerland). Leur imposition se fait selon le cadre fiscal existant, en comparant les cryptomonnaies à des actifs financiers traditionnels. Deux niveaux d’imposition sont à distinguer : l’impôt sur le revenu/bénéfice (pour les gains et revenus réalisés) et l’impôt sur la fortune (pour la valeur du patrimoine détenu). Les principes généraux sont les suivants :
- Fortune privée vs activité commerciale : La Suisse fait une distinction cruciale entre la fortune privée d’un particulier (gestion de patrimoine privé) et une activité lucrative indépendante (commerce professionnel). Si vos cryptomonnaies sont détenues dans le cadre de la gestion de votre patrimoine privé, les éventuels gains en capital que vous réalisez en les vendant sont exonérés d’impôt sur le revenu (Cryptomonnaies pour les particuliers | RSM Switzerland) (Imposition des particuliers détenant des cryptomonnaies | ge.ch). En revanche, si vos opérations dépassent la gestion privée et s’apparentent à un trading professionnel, les gains seront considérés comme un revenu imposable d’une activité indépendante. Nous détaillerons plus loin les critères de distinction. Par ailleurs, toutes les cryptomonnaies détenues au 31 décembre doivent être déclarées comme fortune, au même titre que des comptes bancaires ou des actions (Imposition des particuliers détenant des cryptomonnaies | ge.ch).
- Impôt sur la fortune (cantonal) : Les avoirs en cryptomonnaies sont soumis à l’impôt sur la fortune au niveau cantonal, comme n’importe quel autre élément de fortune mobilière (argent liquide, titres, métaux précieux, etc.) (Imposition des particuliers détenant des cryptomonnaies | ge.ch). Concrètement, cela signifie que la valeur de vos cryptos au 31 décembre de l’année fiscale doit être déclarée dans votre déclaration d’impôt. L’Administration fédérale des contributions (AFC) publie chaque année sur la plateforme ICTax les valeurs fiscales officielles des principales cryptomonnaies (Bitcoin, Ethereum, etc.) (Imposition des particuliers détenant des cryptomonnaies | ge.ch). Ces valeurs correspondent aux cours moyens de fin d’année et servent de référence pour évaluer vos avoirs. S’il n’existe pas de cours officiel pour une crypto moins connue, on utilisera le cours du 31 décembre sur une plateforme d’échange fiable, ou à défaut le prix d’acquisition converti en francs suisses (Imposition des particuliers détenant des cryptomonnaies | ge.ch).
- Impôt sur le revenu (fédéral et cantonal) : En matière d’impôts cryptomonnaies, la Suisse applique les mêmes règles que pour les autres revenus et gains. Les plus-values réalisées dans la fortune privée sont exonérées d’impôt sur le revenu, ce qui est un avantage fiscal notable pour les investisseurs particuliers (Imposition des particuliers détenant des cryptomonnaies | ge.ch). À l’inverse, les revenus générés par les cryptos (intérêts, récompenses de staking, revenus de minage, etc.) sont imposables comme des revenus de fortune mobilière (Imposition des particuliers détenant des cryptomonnaies | ge.ch). De même, si vous êtes considéré comme exerçant une activité commerciale (trading régulier ou minage à grande échelle), alors tous vos gains en capital en crypto deviennent imposables comme revenu professionnel. Les pertes subies dans ce cadre pourront, elles, être déduites fiscalement (alors que dans la fortune privée, une perte sur crypto n’est pas déductible) (Cryptomonnaies – TaxInfo – Canton de Berne) (Cryptomonnaies – TaxInfo – Canton de Berne).
- Personnes morales (sociétés) : Pour les entreprises, les cryptomonnaies sont traitées comme n’importe quel actif dans le calcul de l’impôt sur le bénéfice. Une société suisse qui réalise un gain en revendant des bitcoins devra intégrer ce gain dans son bénéfice imposable. Il n’y a pas d’exonération de plus-value pour les personnes morales : chaque bénéfice réalisé augmente l’impôt à payer. Inversement, une perte réalisée sur des transactions crypto pourra réduire le bénéfice imposable de l’entreprise. Les entreprises doivent également inclure la valeur de leurs avoirs en cryptomonnaies dans leur bilan à la fin de l’année fiscale, pour que l’impôt sur le capital (cantonal) puisse être calculé comme pour les autres éléments d’actif.
💡 À noter : Nous ne mentionnons pas ici les taux d’imposition exacts ni les barèmes précis, car ceux-ci varient selon les cantons et peuvent évoluer chaque année. Pour connaître les taux d’impôt ou les éventuels abattements applicables en 2025, référez-vous aux informations officielles de l’AFC ou de votre canton (par exemple via le calculateur d’impôt en ligne de l’AF (Cryptomonnaies – Fiscalité)】). L’objectif de ce guide est de comprendre les règles de fiscalité crypto en Suisse plutôt que de détailler des pourcentages qui pourraient devenir obsolètes.
Passons maintenant à l’application concrète de ces principes pour les particuliers et les entreprises, avant d’aborder des cas spécifiques comme le minage ou les NFT.
Imposition des cryptomonnaies pour les particuliers (personnes physiques)
En Suisse, la fiscalité des cryptomonnaies pour les particuliers dépend de l’utilisation que vous en faites. Êtes-vous un investisseur à long terme, ou bien un trader actif ? Cette distinction va déterminer si vos gains sont exonérés ou imposables. Voici les différents cas de figure :
Fortune privée : plus-values crypto exonérées d’impôt
Si vous détenez des cryptomonnaies dans le cadre de la gestion de votre fortune privée (c’est-à-dire comme investissement personnel, sans intention commerciale), les gains en capital que vous réalisez en vendant vos cryptos sont *exonérés d’impôt sur le revenu (Cryptomonnaies pour les particuliers | RSM Switzerland)】. Cette règle, applicable aux actions et autres biens mobiliers, vaut également pour les plus-values issues de la vente de Bitcoin, d’Ether ou d’autres cryptomonnaies détenues à titre privé. En d’autres termes, le gain en capital crypto n’est pas imposé pour un particulier lambda. Par exemple, si vous avez acheté 1 Bitcoin pour 20 000 CHF en 2023 et le revendez 30 000 CHF en 2025, la plus-value de 10 000 CHF n’est pas imposable pour autant que vous soyez considéré comme un investisseur privé et non comme un professionnel.
Conditions à respecter : Pour que vos activités restent dans le cadre de la fortune privée, il faut généralement :
- Fréquence et durée de détention raisonnables : Ne pas pratiquer un trading intensif au jour le jour. Une durée de détention moyenne d’au moins 6 mois est souvent un indicateur de gestion privée (vendre très rapidement après l’achat à de nombreuses reprises peut suggérer une activité commerciale (Cryptomonnaies pour les particuliers | RSM Switzerland)】.
- Pas de financement externe (effet de levier) : Ne pas utiliser de fonds empruntés pour acheter des cryptos de manière significativ (Cryptomonnaies pour les particuliers | RSM Switzerland)】. Le recours à l’emprunt pour investir indique une approche professionnelle (recherche de profit accru via effet de levier).
- Volume de transactions modéré : Avoir un volume total de transactions annuel qui ne dépasse pas de beaucoup le montant de votre patrimoine. Par exemple, une pratique admise pour le marché des actions est que le volume des ventes ne dépasse pas 5 fois la valeur de votre portefeuille en début d’anné (Cryptomonnaies pour les particuliers | RSM Switzerland)】. Si vous achetez et vendez des montants très élevés par rapport à vos avoirs, le fisc peut y voir un commerce.
- Gains en capital non indispensables pour vivre : Si vos gains en crypto représentent plus de 50% de vos revenus annuels ou sont nécessaires pour couvrir vos dépenses courantes, le fisc pourrait estimer que vous exercez une activité lucrative et non une simple gestion de patrimoin (Cryptomonnaies, l’autre face du jeton : les impôts)】.
- Pas d’organisation commerciale : Vous n’avez pas d’infrastructure d’entreprise pour vos transactions (pas de raison individuelle enregistrée spécifiquement pour trader, pas de local ou de personnel). C’est une activité que vous réalisez à titre privé avec vos propres fonds.
Ces critères sont évalués d’ensemble par l’administration fiscal (Cryptomonnaies pour les particuliers | RSM Switzerland)】. Ce ne sont pas des seuils automatiques, mais des indices. Si vous remplissez toutes les conditions d’une gestion privée, vos plus-values crypto resteront non imposables en Suisse, ce qui est très avantageux. Notez aussi que dans ce cas, les pertes éventuelles sur vos cryptos ne sont pas déductibles fiscalemen (Cryptomonnaies – TaxInfo – Canton de Berne)】 (vous ne pouvez pas réduire votre revenu imposable en cas de mauvaise affaire, puisque symétriquement, les gains ne sont pas taxés).
Exemple concret: Mme Durand achète pour 5’000 CHF de diverses cryptomonnaies (Bitcoin, Ether, etc.) et les conserve plusieurs années. Elle revend une partie avec un gain de 2’000 CHF en 2025. Elle n’a pas utilisé de crédit pour investir et ses gains crypto restent inférieurs à 10% de son revenu annuel. Son activité correspond à de l’investissement privé occasionnel : aucun impôt sur ces 2’000 CHF de plus-value ne lui sera réclamé. Elle devra en revanche déclarer la valeur de ses cryptos restantes dans sa fortune au 31 décembre (voir plus loin comment déclarer).
Activité de trading (quasi-)professionnel : gains imposables
Si, au contraire, vous effectuez de nombreuses transactions de cryptomonnaies de manière intensive, avec une intention spéculative marquée, le fisc pourrait requalifier vos opérations en activité lucrative indépendante (commerce de cryptomonnaies). Dans ce cas, les gains en capital deviennent imposables au titre de revenus d’une activité indépendant (Cryptomonnaies, l’autre face du jeton : les impôts)】. Vous perdez le bénéfice de l’exonération des plus-values privées. En contrepartie, si vous subissez des pertes, celles-ci pourront être déduites de votre revenu imposable, et si vous avez payé des cotisations sociales (AVS) sur ce revenu indépendant, ces cotisations sont également déductible (Cryptomonnaies pour les particuliers | RSM Switzerland)】. Mais attention, le coût fiscal total peut augmenter fortement, car non seulement vos bénéfices crypto sont taxés (impôts fédéral, cantonal, communal), mais vous devez aussi payer des cotisations sociales AVS/AI sur ces revenus indépendant (Cryptomonnaies pour les particuliers | RSM Switzerland) (Cryptomonnaies, l’autre face du jeton : les impôts)】.
Comment savoir si vous êtes considéré comme “trader professionnel” par le fisc ? Il n’y a pas de déclaration d’intention à faire, c’est l’administration fiscale qui juge au cas par cas en analysant votre situation globale. Elle se base sur les critères évoqués plus haut (durée de détention, volume, levier, part du gain dans vos revenus, etc.). Par exemple, réaliser des centaines de transactions par an avec un turnover de portefeuille très élevé, ou utiliser du trading crypto à effet de levier, sont des signaux forts d’activité commerciale. Si vous êtes dans ce cas, nous vous recommandons de consulter un fiscaliste, car vous devrez déclarer vos revenus différemment (bilan comptable, inventaire des positions, etc. à joindre à la déclaratio (Cryptomonnaies – TaxInfo – Canton de Berne)】).
Exemple concret: M. Dupont a fait du trading actif toute l’année 2024 : il a acheté et vendu pour plus de 500’000 CHF de cryptomonnaies, en passant d’une devise à l’autre, avec parfois des effets de levier sur des plateformes de dérivés crypto. Il en tire un gain net de 50’000 CHF. Il utilise ces gains pour subvenir à ses besoins. Il y a de fortes chances que le fisc considère M. Dupont comme un commerçant de cryptomonnaies professionnel. Ses 50’000 CHF de profit seront alors ajoutés à ses autres revenus imposables de 2024. Il pourra par contre déduire certaines dépenses liées à son activité (par ex. frais de plateforme, éventuellement une partie de son matériel informatique) et devra cotiser à l’AVS sur ce revenu. S’il était resté un investisseur privé, ce gain aurait été exonéré d’impôt – la différence est donc conséquente.
Revenus imposables liés aux cryptomonnaies
Que vous soyez un investisseur privé ou un trader professionnel, tous les revenus courants générés par vos cryptomonnaies sont imposables. La notion de revenu ici inclut tout ce qui n’est pas une pure plus-value de cession, par exempl (Imposition des particuliers détenant des cryptomonnaies | ge.ch)】:
- Intérêts et rendements de la DeFi : Intérêts gagnés en prêtant vos cryptos (lending), récompenses de liquidity mining ou de yield farming dans la finance décentralisée, etc. Ces montants sont assimilés à des revenus de capitaux mobiliers et doivent être déclarés au fisc l’année de leur encaissemen (Imposition des particuliers détenant des cryptomonnaies | ge.ch)】.
- Récompenses de staking : Si vous pratiquez le staking crypto, les jetons ou fractions de jetons reçus en récompense sont considérés comme un rendement de fortune imposable (au même titre qu’un dividende ou un intérêt en banque). La valeur à déclarer est celle au moment où la récompense vous est attribuée (généralement en continu ou en fin de période de blocage), convertie en CH (Cryptomonnaies – Fiscalité)】. Par exemple, si vous recevez 0,5 ETH en récompense de staking au cours de l’année, et que chaque ETH vaut 1’600 CHF au moment du versement, vous devrez déclarer 800 CHF de revenu imposable.
- Revenus de minage : Le minage de cryptomonnaie génère un revenu imposable correspondant à la valeur des coins minés au moment où ils sont créés et attribués au mineu (Imposition des particuliers détenant des cryptomonnaies | ge.ch)】. Par exemple, un mineur qui découvre un Bitcoin en récompense devra comptabiliser ce Bitcoin comme revenu à sa valeur du jour de minage (p. ex. 30’000 CHF). Ce revenu est généralement traité comme une activité indépendante (voir section cas particuliers sur le minage). S’il s’agit d’un petit minage occasionnel, on le déclare tout de même comme “autre revenu” sur la déclaration.
- Airdrops et forks : Si vous recevez des cryptomonnaies gratuitement (airdrop) ou à la suite d’un fork (duplication de blockchain), la valeur de ces actifs reçus doit être déclarée comme un revenu également. L’administration fiscale considère que c’est un gain patrimonial imposable au moment de l’acquisition gratuite (valeur de marché à la réception).
- Paiements reçus en crypto : Enfin, si vous êtes rémunéré en cryptomonnaies pour un service, un travail ou en tant que salaire, cela ne change rien à la nature du revenu : un salaire en Bitcoins est un salaire taxable comme s’il avait été versé en francs. Il faut le déclarer en convertissant le montant en CHF à la date de paiemen (Cryptomonnaies – TaxInfo – Canton de Berne)】. De même, un loyer encaissé en crypto doit être déclaré comme revenu immobilier ou commercial selon le cas, à sa valeur en CHF le jour du paiement.
En résumé, hormis la plus-value réalisée sur la vente de vos crypto-actifs privés, qui peut être exonérée, tous les flux monétaires liés à vos cryptos sont traités fiscalement. Pensez à bien tracer et valoriser en francs suisses chaque récompense ou revenu que vos actifs numériques produisent.
Imposition des cryptomonnaies pour les entreprises (personnes morales)
Les entreprises (sociétés anonymes, Sàrl, entreprises individuelles pour leur part commerciale, etc.) sont également concernées par les cryptomonnaies, soit qu’elles en détiennent comme investissement, soit qu’elles les acceptent comme moyen de paiement, ou encore qu’elles opèrent dans le secteur crypto. Pour un business, la fiscalité des cryptomonnaies se fond dans le régime général de l’impôt sur les bénéfices et du capital :
- Intégration au bénéfice imposable : Toute plus-value réalisée par une entreprise sur des cryptomonnaies est ajoutée au bénéfice imposable ordinaire. Contrairement aux particuliers, les entreprises n’ont pas d’exonération pour les gains en capital sur actifs circulants. Si une Sàrl achète 10 Bitcoins comme placement de trésorerie et en revend 5 avec un gain de 50’000 CHF, ce profit s’ajoute à son résultat de l’exercice et sera soumis à l’impôt sur le bénéfice (impôt cantonal/communal et impôt fédéral direct sur les entreprises). De même, si une entreprise de trading crypto réalise des gains, ceux-ci sont imposables, mais les pertes éventuelles pourront être déduites du bénéfice (ou reportées selon les règles usuelles de report des pertes).
- Comptabilisation des cryptos : D’un point de vue comptable, les cryptomonnaies détenues par une société doivent figurer au bilan, dans l’actif (souvent en placements financiers ou en trésorerie, selon la liquidité de l’actif). À la clôture de l’exercice, elles seront évaluées à la valeur de marché (valeur vénale) ou au plus bas entre coût d’acquisition et valeur du marché, selon les normes comptables appliquées. Cette valorisation peut affecter le résultat : par prudence, une entreprise pourrait comptabiliser ses bitcoins à la valeur la plus basse (historique ou marché) pour ne pas montrer de bénéfice latent. Cependant, fiscalement, tant qu’il n’y a pas de réalisation (vente), le gain latent n’est pas imposé. Ce n’est que lors de la vente ou de l’utilisation de la crypto que le gain ou la perte entre valeur de cession et valeur comptable se matérialisera dans le compte de résultats.
- Transactions en crypto (ventes, achats) : Si votre entreprise accepte des paiements en cryptomonnaies pour ses biens ou services, ou paye des fournisseurs en crypto, il faut convertir chaque transaction en CHF pour l’enregistrer comptablement. Le chiffre d’affaires de la société sera calculé en francs suisses, crypto comprise. Par exemple, une société de conseil informatique qui facture un client 5 ETH pour une prestation devra comptabiliser, le jour du paiement, l’équivalent en CHF des 5 ETH comme revenu. Il en va de même pour la TVA si l’entreprise est assujettie : la contre-valeur en CHF sert de base pour calculer la TVA éventuellement due sur la transaction (la TVA crypto en Suisse suit les règles normales de la TVA sur un service ou un bien, simplement calculée d’après la valeur en CHF).
- Cas des start-ups crypto : Une entreprise dont l’activité principale est liée aux cryptomonnaies (par exemple une société de trading, une plateforme d’échange, une mine de bitcoin, ou un fonds crypto) sera imposée selon les mêmes principes. Cependant, ces entreprises doivent souvent composer avec des questions complexes de comptabilité crypto et de valorisation. Il est crucial d’appliquer des méthodes cohérentes et documentées pour évaluer les portefeuilles crypto, et de respecter les obligations légales (par exemple, vérification par l’organe de révision si société auditée). ODM Fiduciaire peut vous accompagner dans la mise en place d’une comptabilité adaptée aux crypto-actifs si besoin.
En résumé, pour les entreprises suisses, les cryptomonnaies ne bénéficient d’aucun régime fiscal particulier : elles sont traitées comme des actifs générateurs de gains ou pertes, intégrés au bénéfice imposable. L’administration fiscale attend des sociétés qu’elles déclarent correctement ces éléments, ce qui nécessite un suivi comptable rigoureux.
Cas particuliers : minage, staking, DeFi et NFT
Certaines activités spécifiques liées aux cryptomonnaies soulèvent des questions particulières. Voici un tour d’horizon des cas les plus courants en précisant leur traitement fiscal en Suisse :
Minage de cryptomonnaies
Le minage (mining) consiste à valider des blocs de transactions sur la blockchain en échange de récompenses en cryptomonnaies (par ex. 6.25 BTC par bloc miné sur Bitcoin, ajusté périodiquement). Fiscalement, le minage est généralement assimilé à une activité lucrative indépendante dès lors qu’il est exercé de façon régulière et significative (usage de matériel spécialisé, consommation électrique élevée, objectifs lucratifs). En effet, deux cantons phares (Zurich, Berne) considèrent d’office le minage comme une activité professionnell (Cryptomonnaies pour les particuliers | RSM Switzerland)】. Cela implique que :
- Les cryptomonnaies obtenues par minage sont un revenu imposable. Chaque unité minée doit être valorisée au moment de son obtention (cours du jour) et ce montant est ajouté aux revenus du mineur pour l’anné (Imposition des particuliers détenant des cryptomonnaies | ge.ch)】. Exemple : si vous extrayez 0,1 BTC en mars 2025 alors que 1 BTC vaut 40’000 CHF, vous réalisez 4’000 CHF de revenu imposable.
- Déduction des frais : en contrepartie, si le minage est déclaré comme activité indépendante, vous pouvez déduire les frais liés à cette activité de vos impôts (achat de matériel informatique, cartes graphiques/ASIC, électricité proportionnelle, frais de locaux, etc.), pour autant qu’ils soient documentés et affectés à l’activité de minage. Ces frais viendront diminuer le revenu net imposable.
- Affiliation AVS : tout mineur exercé en indépendant devrait s’annoncer auprès de la caisse AVS de son canton, car les revenus de minage considérés comme activité indépendante sont soumis aux cotisations sociales (AVS/AI/APG).
- Si minage occasionnel : si vous minez de manière très marginale (par exemple, utiliser l’ordinateur personnel quelques heures pour miner un peu d’Ethereum sans réelle rentabilité), les montants en jeu peuvent être faibles. Mais même quelques dizaines ou centaines de francs de revenu en crypto devraient théoriquement être déclarés comme “autres revenus” sur votre déclaration. Ils resteront probablement imposés comme revenu accessoire, sans requalification en activité professionnelle s’ils sont anecdotiques. L’important est de déclarer ces revenus de minage, même modestes, pour être en règle.
En synthèse, le minage crypto est imposé comme un revenu d’entreprise dès qu’il prend un minimum d’ampleur. Si vous envisagez de vous lancer dans le minage, préparez-vous à tenir une comptabilité simplifiée de cette activité et à déclarer les coins minés et les dépenses associées.
Staking et revenus de la finance décentralisée (DeFi)
Les revenus tirés du staking et plus largement de la DeFi (intérêts de prêt, rendements de pools de liquidité, etc.) sont traités fiscalement comme des revenus de fortune mobilière classiques. Autrement dit, ce sont des revenus imposables, au même titre que des intérêts bancaires ou des dividende (Cryptomonnaies, l’autre face du jeton : les impôts)】. Voici les points clés pour ces cas :
- Valorisation des récompenses : Que ce soit des jetons reçus en staking, des intérêts en stablecoins gagnés via un prêt DeFi, ou des récompenses en gouvernance token via du yield farming, tout ce que vous “gagnez” doit être converti en CHF et déclaré dans vos revenus de l’année. La base est la valeur au moment où le revenu est acquis sur votre compte/walle (Cryptomonnaies – Fiscalité)】. Par exemple, un staking de Tezos qui vous rapporte 10 XTZ sur l’année devra être déclaré pour la somme équivalente en francs suisses du moment où ces 10 XTZ vous ont été crédités.
- Pas de distinction privée/professionnel pour les revenus : Même si vos cryptos sont en fortune privée (et que vos plus-values de cession ne sont pas imposées), les revenus du staking ou de la DeFi sont toujours imposables. Ce n’est pas parce que vos cryptos sont « privées » que les intérêts qu’elles génèrent le sont aussi – au contraire, les intérêts sont taxés quel que soit le statut de vos actifs.
- Staking dans le cadre d’une entreprise : Si une société ou un indépendant utilise le staking pour générer des revenus, ceux-ci seront traités comme des produits d’exploitation (revenus business) et imposés dans le bénéfice. Aucune différence de nature, c’est juste la catégorie d’imposition qui diffère (impôt société au lieu d’impôt sur le revenu).
- Particularité du liquidity mining : Souvent, en fournissant des liquidités à une plateforme DeFi, vous recevez des frais de transaction et/ou un jeton de récompense. Fiscalement, on peut assimiler cela à un mélange d’intérêts et de “jetons bonus”. Dans la pratique, l’ensemble de la rémunération reçue est imposable. Si vous recevez par exemple 0,05 BTC et 2 UNI en récompense pour avoir mis à disposition des liquidités, vous déclarez la somme de la valeur de 0,05 BTC + 2 UNI en CHF à la date de réception.
- Airdrops : Bien qu’on puisse les classer à part, signalons que les airdrops (jetons gratuits distribués par un projet) sont aussi des revenus imposables, imposés en principe comme les autres rendements de fortune au moment de la réception.
En bref, la fiscalité DeFi en Suisse est simple dans son principe : tout revenu que vos crypto-actifs produisent est taxable. Gardez trace de ces revenus, par exemple via les rapports fournis par les plateformes ou en notant régulièrement la valeur des récompenses accumulées.
Jetons non fongibles (NFT) et fiscalité
Les NFT (Non-Fungible Tokens) sont un cas à part car ils peuvent représenter des objets de nature artistique ou de collection. La Suisse n’a pas encore de régime fiscal spécifique pour les NFT, mais on peut appliquer *par analogie les règles des cryptomonnaies classiques (Cryptomonnaies – TaxInfo – Canton de Berne)】 :
- Détention privée d’un NFT : Si vous achetez un NFT (par ex. une œuvre d’art digitale) avec vos fonds privés et le revendez plus tard avec un gain, ce gain pourrait être considéré comme une plus-value privée non imposable, tout comme la plus-value réalisée sur la vente d’un tableau ou d’une crypto détenue dans la fortune privée. En effet, les biens mobiliers vendus dans le cadre privé ne sont pas taxés sur le gain en Suisse. La condition est que vous ne soyez pas considéré comme un commerçant professionnel de NFT (fréquence de transactions élevée, visée spéculative systématique, etc.). Pour la plupart des particuliers qui achètent un ou deux NFT par passion et les revendent, il n’y aura pas d’impôt sur le gain réalisé.
- Création et vente de NFT (artistes) : Si vous êtes créateur de NFT (musicien vendant des NFT audio, artiste digital vendant des images sous forme de NFT), les recettes tirées de la vente de vos NFT sont des revenus imposables, car il s’agit de la vente d’un produit de votre activité professionnelle (même si elle est artistique). Par exemple, si vous vendez un NFT 2’000 CHF sur une plateforme, ce montant est assimilable à un revenu d’indépendant (ou à un revenu d’auteur/artiste) et doit être déclaré comme tel. Idem pour les royalties que vous pourriez toucher lors de reventes successives de vos NFT : ces commissions (souvent 5-10% du prix de revente) sont des revenus imposables l’année de leur perception.
- Commerce de NFT : Si vous achetez et revendez fréquemment des NFT dans le but de réaliser des bénéfices (flipping de NFTs), l’administration fiscale pourrait assimiler cela à du commerce professionnel, exactement comme pour les cryptomonnaies. Les critères seraient similaires (fréquence, volume, financement, part du revenu). Dans ce cas, les profits seraient imposés comme revenus d’une activité indépendante. Par contre, tant que cela reste occasionnel ou un hobby, les gains peuvent rester exonérés.
- Déclaration des NFT : Comme tout autre actif, un NFT de valeur doit être déclaré à l’impôt sur la fortune à la fin de l’année, pour sa valeur vénale. La difficulté est d’évaluer un NFT unique. En pratique, si vous détenez un NFT acquis pour 5’000 CHF et estimé 8’000 CHF fin 2025 (d’après le dernier prix de vente comparable ou la cote de l’artiste), il conviendrait de le déclarer pour 8’000 CHF dans votre inventaire de fortune. En l’absence de marché clair, la valeur d’acquisition peut faire fo (Cryptomonnaies – TaxInfo – Canton de Berne)】.
En résumé, les NFT suivent les principes généraux : vente dans le privé = gain en capital possiblement exonéré, vente dans un cadre professionnel = revenu imposable. Et dans tous les cas, leur détention doit être déclarée au fisc (fortune) comme pour les autres cryptos ou objets de collection.
Obligations déclaratives en Suisse : comment déclarer vos cryptomonnaies
Comprendre la fiscalité est une chose, mais encore faut-il savoir comment déclarer concrètement ses cryptomonnaies dans la déclaration d’impôts. Que vous habitiez Genève, Vaud, Neuchâtel ou tout autre canton de Suisse romande, les obligations sont similaires, avec éventuellement quelques différences de formulaires. Voici les points essentiels pour votre déclaration fiscale crypto :
Déclaration pour les particuliers
- Inventaire de fortune (cryptos) : Lors de votre déclaration d’impôt annuelle, vous devez inclure vos avoirs en cryptomonnaies dans la section dédiée à la fortune mobilière. Typiquement, il y a un formulaire ou une annexe intitulé “État des titres” ou “Fortune mobilière” où figurent les comptes bancaires, portefeuilles de titres et autres avoirs. Les cryptomonnaies qui ne sont pas déjà comprises ailleurs doivent être listées ici (par exemple, le canton de Berne demande de les inscrire sous *« Éléments de fortune / Autres capitaux non déclarés ailleurs » (Cryptomonnaies – TaxInfo – Canton de Berne)】). Pour chaque cryptomonnaie, indiquez le nombre d’unités détenues au 31 décembre et la valeur en francs suisses à cette date. Utilisez de préférence les valeurs officielles de l’AFC publiées sur ICTa (Cryptomonnaies – TaxInfo – Canton de Berne)】 (ou les cours de marché du 31/12 si la crypto n’est pas sur la list (Imposition des particuliers détenant des cryptomonnaies | ge.ch)】). Si vous détenez de nombreuses positions (par exemple 20 sortes de tokens différents), vous pouvez joindre une liste détaillée en annexe ou utiliser l’outil de déclaration en ligne du canton pour importer un fichier – la plupart des cantons romands acceptent un document séparé pour les inventaires important (Cryptomonnaies – TaxInfo – Canton de Berne)】. L’important est que toutes vos cryptos apparaissent sur votre déclaration de fortune, même si leur gain éventuel n’est pas imposable.
- Déclaration des revenus crypto : Tous les revenus en cryptomonnaies de l’année doivent être convertis en CHF et inscrits dans votre déclaration de revenus. Il n’y a pas forcément une ligne spécifique “revenus crypto” – vous pouvez les intégrer dans “Autres revenus de capitaux mobiliers” ou case équivalente. Par exemple, les intérêts de staking ou de lending peuvent être ajoutés aux intérêts bancaires. L’essentiel est de ne pas oublier de les mentionner. Vous pouvez joindre un petit tableau explicatif indiquant la nature du revenu (par ex. “Intérêts staking Tezos”, “Revenus mining Bitcoin”) avec les montants en CHF. Incluez également les éventuels salaires ou honoraires reçus en crypto, en les déclarant dans la rubrique normale (salaire, indépendants, etc.) mais en précisant que le paiement a eu lieu en cryptomonnaie (cela reste rare et peut attirer une question du fisc, mais c’est tout à fait légal tant que c’est déclaré correctemen (Cryptomonnaies – TaxInfo – Canton de Berne)】).
- Justificatifs : Conservez précieusement les relevés de vos plateformes d’échange, portefeuilles ou toute documentation montrant vos avoirs et vos transactions. En cas de question de l’office des impôts, vous devrez peut-être prouver la quantité de cryptos détenues au 31.12 ou la valeur des revenus perçus. De nombreux contribuables joignent spontanément un extrait de portefeuille (par exemple une capture d’écran de leur wallet au 31 décembre ou un relevé PDF fourni par l’échange) surtout si les montants sont significatifs. Ce n’est pas une obligation formelle, mais cela peut faciliter le traitement de votre déclaration et montrer votre bonne foi.
- Cas d’une activité indépendante : Si vous avez déterminé que vous tombez dans la catégorie “activité lucrative indépendante” pour vos cryptos (trading professionnel, minage intensif, etc.), la déclaration devient plus complexe. Vous devrez remplir en plus les annexes liées aux indépendants. Cela implique de fournir un compte de résultats de l’activité et un bilan au 31.12 incluant vos cryptos (comme on le ferait pour une petite entreprise individuelle (Cryptomonnaies – TaxInfo – Canton de Berne)】. Vous listerez en stock vos cryptos restantes, vos créances éventuelles (si vous avez prêté des cryptos), et en produit vos gains réalisés, en charges vos frais (frais de plateforme, électricité, matériel, déplacements à des conférences si pertinent, etc.). Il est vivement conseillé de se faire accompagner par un fiduciaire pour établir ces documents, car une déclaration d’indépendant mal remplie peut entraîner des rectifications ou un refus de certains frais.
En remplissant correctement ces étapes, votre déclaration fiscale crypto sera complète. N’oubliez pas de respecter les délais (souvent fin mars ou fin avril pour les déclarations papier, avec possibilité de prolongation au 15 octobre sur demande, selon les cantons). Si vous avez un doute sur la manière de déclarer un élément, il vaut mieux demander conseil à un expert plutôt que de risquer un oubli. Une déclaration sincère et exacte vous met à l’abri de tout problème futur.
Déclaration pour les entreprises
Pour les entreprises, la déclaration fiscale des cryptomonnaies se fait dans le cadre de la procédure ordinaire d’impôt sur le bénéfice et le capital :
- Comptabilisation obligatoire : Assurez-vous que toutes les opérations en cryptomonnaies de l’entreprise sont bien enregistrées dans la comptabilité. Cela servira de base à la déclaration. À la clôture, l’inventaire des crypto-actifs détenus doit être documenté (nombre d’unités, valeur unitaire retenue, méthode d’évaluation).
- Bilan et compte de résultat : Vous soumettrez aux autorités fiscales les états financiers annuels. Les plus-values latentes sur crypto (si vous avez des cryptos non vendues qui ont pris de la valeur) n’apparaissent pas dans le compte de résultat tant qu’elles ne sont pas réalisées, sauf si vous les évaluez à la juste valeur. Généralement, les PME suisses évaluent les cryptos en devise au plus bas coût entre coût historique et valeur de marché, donc pas d’impact des hausses non réalisées. Par contre, les gains réalisés (ventes de cryptos) figureront dans les produits exceptionnels ou ordinaires, et les pertes réalisées dans les charges. Fiscalement, l’administration prendra le bénéfice net comptable et le rectifiera éventuellement si des règles spéciales s’appliquent (par ex. si vous avez constitué des provisions pour fluctuation de cours, elles pourraient être réintégrées si non justifiées).
- Formulaire déclaratif : Les cantons fournissent un formulaire de déclaration pour les personnes morales, qui consiste à reprendre le résultat comptable et à y apporter des ajustements fiscaux. Aucun champ spécifique aux cryptomonnaies n’existe en général, car elles sont simplement incluses dans les divers postes (caisse si traitées comme liquidités, immobilisations si c’est un investissement long terme, stocks si c’est un bien commercial, etc.). Il faudra possiblement indiquer, dans la case des titres ou placements, la valeur totale en CHF de vos cryptos au 31.12 pour l’assiette de l’impôt sur le capital. Là encore, utiliser les cours officiels de l’AFC sur ICTax est recommandé pour justifier la valeur.
- Documentation supplémentaire : Si votre entreprise a une part importante de son actif en cryptos, ou une activité crypto prédominante, joignez en annexe une note explicative sur la méthode d’évaluation utilisée et éventuellement la liste des principales positions en crypto. Non seulement cela anticipe les questions du fisc, mais cela démontre aussi la transparence de votre démarche.
- TVA : Pensez à la TVA si applicable. Les prestations en crypto (par exemple, si vous vendez un service payé en crypto) sont soumises à la TVA de manière habituelle. Les cryptomonnaies en elles-mêmes sont considérées par l’AFC comme des moyens de paiement équivalents à de la monnaie étrangère du point de vue TV (Cryptomonnaies – Fiscalité)】. Ainsi, échanger des francs contre des bitcoins n’est pas une prestation taxable (de même qu’échanger CHF contre USD est une opération financière hors scope TVA). En revanche, vendre un bien ou service contre crypto est taxable (comme une vente contre euros le serait). Ce guide étant focalisé sur l’impôt direct, retenez simplement que la TVA suit son cours normal dès lors que vous utilisez des cryptos dans votre facturation.
Au final, pour une entreprise, bien déclarer les cryptomonnaies revient à bien tenir sa comptabilité et à fournir toutes les informations nécessaires dans la liasse fiscale. Un cabinet comptable expérimenté (comme ODM Fiduciaire) peut vous faciliter grandement ce travail en mettant en place les outils adéquats.
Conseils pratiques et erreurs à éviter
La fiscalité des cryptomonnaies peut sembler ardue, mais avec un peu d’organisation vous pouvez l’aborder sereinement. Voici quelques conseils pratiques pour vous aider, ainsi que les erreurs courantes à éviter :
- Tenez des registres précis : Notez ou exportez régulièrement l’historique de vos transactions crypto. Conservez les relevés de comptes d’échange, captures d’écran de wallet, e-mails de confirmation de transferts, etc. En cas de contrôle ou de questions du fisc, pouvoir justifier l’origine de vos fonds et les montants exacts facilite les choses.
- Valorisez en CHF sans attendre : Lorsque vous recevez un revenu en crypto (staking, minage, airdrop…), convertissez mentalement et notez la valeur en francs suisses à cette date. Ne repoussez pas cette tâche à l’année suivante car les cours peuvent fluctuer énormément, et il sera plus difficile de retrouver le prix précis rétroactivement. Utilisez les cours officiels de fin d’année pour la fortune, et les cours du jour pour les revenus. Par exemple, si vous avez 50 ADA en staking qui vous rapportent 5 ADA le 15 juillet, relevez le cours CHF de l’ADA le 15 juillet et gardez cette information.
- Déclarez tout, n’essayez pas de cacher : La tentation pourrait être de ne pas déclarer des cryptos pensant qu’elles sont “invisibles”. Or, les blockchains sont publiques et de moins en moins anonymes. De plus, si vous transférez des sommes importantes depuis ou vers votre compte bancaire, le fisc peut s’en apercevoir. Il vaut bien mieux déclarer spontanément vos avoirs et revenus crypto de manière complète et exact (Cryptomonnaies – TaxInfo – Canton de Berne)】. En Suisse, la fraude fiscale (dissimulation intentionnelle) est sévèrement punie. A contrario, déclarer honnêtement même un revenu modeste en crypto montre votre volonté d’être en règle et évite tout risque de rappel d’impôt ou de pénalité (Cryptomonnaies – TaxInfo – Canton de Berne)】.
- Informez-vous des mises à jour fiscales : Le domaine crypto évolue vite, et les administrations fiscales suisses adaptent progressivement leurs directives. Par exemple, la Conférence suisse des impôts (CSI) a publié en 2023 de nouvelles directives sur l’imposition des crypto-actif (Cryptomonnaies – TaxInfo – Canton de Berne)】. Restez à jour en consultant les fiches d’information de l’AFC ou de votre canton chaque année, surtout si vous commencez de nouvelles activités (ex: NFT, yield farming exotique). Ce qui est valable en février 2025 l’est peut-être moins en 2026, donc gardez un œil sur les évolutions.
- Séparez bien vos activités : Si vous êtes un particulier qui commence à trader de façon intensive ou à miner avec du matériel pro, envisagez de créer une structure (p. ex. une raison individuelle enregistrée ou une Sàrl) ou au minimum, un compte dédié. Mélanger votre portefeuille privé et une activité commerciale complique la donne pour déterminer ce qui est taxable. Mieux vaut compartimenter dès le début : un portefeuille pour vos investissements privés long terme, un autre pour vos opérations fréquentes. Idem pour les entreprises, séparez les crypto-actifs destinés à être revendus (stock) de ceux conservés en immobilisation.
- Faites-vous accompagner en cas de doute : La fiscalité crypto est un domaine nouveau pour tout le monde. Si vous avez des interrogations – par exemple “Ce yield farming que je fais, comment le déclarer ?”, “Mon canton a-t-il une position spéciale sur le minage ?” ou “Comment valoriser ce token illiquide au 31 décembre ?” – n’hésitez pas à demander conseil. Un professionnel de la fiduciaire formé aux actifs numériques pourra vous guider et même prendre en charge votre déclaration fiscale crypto pour éviter toute erreur. Parfois, une simple consultation permet d’éviter une erreur coûteuse ou de découvrir une optimisation légale.
En suivant ces conseils, vous réduirez fortement les risques d’écueils. L’important est d’anticiper (tenir ses comptes à jour, se renseigner en amont) et de s’organiser. Ainsi, la période de déclaration fiscale ne sera plus un casse-tête insurmontable, même avec plusieurs wallets et exchanges à gérer.
Conclusion
Les cryptomonnaies offrent de formidables opportunités d’investissement et d’innovation financière (blockchain oblige), et la Suisse bénéficie d’un cadre fiscal plutôt favorable pour les particuliers (exonération des gains en capital privés notamment). Cependant, “favorable” ne veut pas dire “hors impôts” : il est crucial de comprendre quelles sont vos obligations en matière d’impôts sur les cryptomonnaies et de vous y conformer. En 2025, l’administration fiscale suisse traite les crypto-actifs de manière cohérente avec les autres formes de revenus et de patrimoine, et des sources officielles (AFC, administrations cantonales) existent pour vous guider en cas de doute.
Que vous soyez un HODLer de longue date ou une entreprise intégrant la blockchain dans son modèle d’affaires, une planification fiscale adéquate vous évitera des surprises et vous permettra d’optimiser votre situation dans le respect des lois. ODM Fiduciaire, notre cabinet comptable en Suisse romande, est là pour vous accompagner : de la tenue de votre comptabilité crypto jusqu’à la préparation de votre déclaration fiscale, en passant par des conseils personnalisés sur la fiscalité des cryptomonnaies en Suisse.
➡️ Contactez dès aujourd’hui ODM Fiduciaire pour une consultation offerte sur vos obligations fiscales crypto ou pour toute aide dans vos démarches. Ensemble, nous assurerons que vos investissements en cryptomonnaies restent une source de satisfaction… et non de tracas administratifs ! 🚀